vendredi 1 octobre 2010

Rue des Victimes du nazisme


Notre visite du quartier « Croix de Pierre » a soulevé un débat que nous n'avions pas prévu.
Samedi dernier, en effet, un habitant du quartier a soulevé, sans aucune agressivité, le mal-être qu'il avait à habiter la rue « des Victimes du Nazisme ». Il a essayé, avec ses mots à lui, de soulever le problème que son adresse puisse être associée à ce mot « nazisme », idéologie qu'il rejetait.
Un autre habitant du quartier a fait remarquer également qu'un sondage dans la rue avait démontré, il y a quelques années, que 99% des habitants de la rue voulaient un changement du nom de leur rue.

Cette rue, anciennement rue des Fontaines car elle conduisait effectivement aux fontaines qui alimentaient notre ville en eau, est devenue Rue des Victimes du Nazisme car elle avait abrité une maison particulière, siège de la Gestapo où nombre résistants sarthois avaient été torturés.
Notre maire a alors soulevé alors deux points :
• le fait qu'il lui était difficile de changer un nom de rue qui avait été donné par un de ses prédécesseurs.
• la réaction négative que pourrait avoir cette mesure pour les associations d'anciens combattants qui pourraient y voir un manquement au devoir de mémoire.
Autant je peux être sensible effectivement au deuxième point autant le premier ne me semble pas un argument dans la mesure où nombre de rues de notre ville ont changé  de nom lors de ces dernières années. Avenue de Tessé devenue avenue de Paderborn, rue des Filles Dieu devenue rue de Rostov-sur-le-Don ou encore, plus récemment, boulevard de la Gare devenu boulevard Robert Jarry.
Sur le deuxième point, l'association des anciens combattants franco-américains s'est exprimée dans le journal « Le Maine Libre » de façon outrancière s'interrogeant sur les demandeurs : « avons-nous à faire des pro-nazis ou des gens à la mémoire courte ? »
J'habite à 20 m de cette rue et je rencontre souvent ses habitants et il est inconcevable, pour bien les connaître, de les soupçonner sur le sujet d'autant plus qu'ils sont très présents lors des cérémonies du 8 mai quand nous allons fleurir la mémoire des Victimes du Nazisme.
Ne serait-il pas possible d'honorer un résistant sarthois en lui donnant le nom de cette rue ? Mon ancien collègue Joseph Estevès, a célébré, dans un ouvrage récent, la mémoire de 200 résistants sarthois. Ne pourrait-il pas nous suggérer le nom d'un de ces résistants ?
En donnant le nom de cette rue celui d'un résistant et en officialisant une plaque pour rappeler la mémoire de ceux qui ont été torturés dans cette rue, je pense que l'on pourrait simplement répondre en même temps au désir des habitants et au devoir de mémoire souhaité par les associations d'anciens combattants.

4 commentaires:

  1. De nombreux résistants arrêtés sont torturés dans la sinistre maison de la rue des Victimes du Nazisme, à la Prison du Vert-galant et à la Prison des Archives. Le registre d écrou de cette dernière présenté ici donne une liste de plus de 450 d'entre eux "emboîtés par les Allemands",( la formule est de Paul Marchal, résistant manceau mort en Déportation) et la milice. Après les séances de matraquage, 98 d'entre eux sont fusillés et les autres sont déportés en camp de concentration ou d'extermination. 229 Sarthois ne sont pas revenus.

    http://asso.proxiland.fr/aeris/default.asp?a=181&b=&m=


    Il n'y a pas à debattre, cette rue porte ce nom, n'y touchez pas ,en souvenir aussi et surtout des silences COMPLICES, il y a des silences qui sont comparables aux crimes ! Que ceux qui ont laissé faire assument !

    Par ailleurs nous allons soutenir le fait qu'une plaque soit posée sur la maison concernée afin que l'HISTOIRE ne s'efface pas , on n'éfface pas l'histoire ,on la transmet afin que l'horreur ne se reproduise plus.

    Ni oubli , ni pardon !

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  2. Il n'est pas question d'oublier quoi que ce soit, surtout quand on est fils d'un militant FTP. Ma volonté est, avant tout, d'écouter. Écouter les habitants d'une rue qui ne supportent plus cette référence au nazisme et d'autre part, les associations d'anciens combattants attachés au devoir de mémoire. Tous les 8 mai, je suis au côté des membres de l'AERIS pour fleurir toutes les plaques des résistants de la ville. Donc pas de procès d'intention...
    La proposition que je fais de donner le nom d'un résistant oublié à cette rue n'a pour but que de concilier deux points de vue qui ne me semblent pas forcément opposés.
    D'autre part, mettre une plaque sur la maison de la Gestapo m'étonne. Car cette plaque a existé et a été enlevée, je crois, à la demande des habitants de cette maison.
    Par contre, rappeler les faits à l'entrée de la rue, côté Croix de Pierre, me semblerait une meilleure idée afin d'éviter aux habitants de cette maison d'être stigmatisés.

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  3. Je ne vais pas tergigerser plus longteemps ,et je concluerais avec le fait qu'etre descendant ne suffit pas ,etre descendant ce n'est pas simplement fleurir et rendre hommage a nos ainés ,c'est avant tout RESPECTER CEUX QUI AURAIENT VOULU VIVRE et qui ont fait le choix de mourir pour NOTRE LIBERTE .
    Par ailleurs comment les habitants ont pu enlever la plaque comémorative , cette maison étant vendue avec les fantomes de nos ainés ,au nom de quelle liberté ont ils osé ?
    ni hier ,ni aujourd'hui ,le nazisme et ses crimes ne passerons , donc ni oubli ,ni pardon ! si nos pères n'ont pas saisit le message de nos ainés ,nous nous n'aurons de cesse de le porter et avec l'ouverture des archives ,nous n'aurons plus le droit de dire "nous ne savions pas !!!!"

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  4. c'est par hasard que je tombe sur ces échanges qui m'inspirent les réflexions suivantes. d'abord bravo a cet élu de se saisir d'une question si difficile, il aurait été plus facile pour lui de ne pas l' aborder... j'habite dans cette rue et je confirme le mal etre auquel me renvoie chaque jour son nom (chaque fois que l'on donne notre adresse aussi!) et si il est vrai qu'il est sans commune mesure avec les sacrifices faits par ceux dont il est indispensable de respecter le courage de se battre jusqu'a la mort, est il juste de ne faire porter ce poids qu'aux riverains de certaines rues. ce devoir de mémoire dépasse de tres loin ces qques rues du mans et le vrai scandale est qu'on en est reduit a se rattacher a cela faute de mieux pour se souvenir plus globalement, plus efficacement, plus pedagogiquement de ce passé terrible. l'idée de donner a cette rue un nom de resistant est a mon avis une tres bonne idée car elle a le mérite de faire honneur au courage en le personnalisant, reste a faire le choix d'un nom qu'un historien pourrait définir. cela n'empecherait pas de faire référence sous ce nom aux victimes du nazisme ce qui peut etre un compromis constructif non ? cordialement

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