lundi 18 octobre 2010

Voyage au pays des juges ou de l'affaire Urba ?



De retour au Mans après cet épisode bien reposant en Bretagne ensoleillée.
Premier travail : me plonger dans les deux quotidiens locaux pour savoir ce qui s'est passé dans ma ville pendant cette semaine d'absence. Et c'est vrai que l'actualité politique a été riche.
Notre maire fait la une du Maine-Libre du lundi 11 octobre suite à la sortie de son ouvrage « Voyage au pays des juges ».  Dans celui-ci, il règle ses comptes avec l'institution judiciaire avec laquelle il fut confronté lors de la fameuse affaire « Urba », affaire dans laquelle il a été innocenté.
Mais l'affaire Urba, découverte au Mans suite au décès accidentel de deux ouvriers sur le chantier de l'immeuble Condorcet,  ne se résume pas qu'à la relaxe de Jean-Claude Boulard.
L'enquête fut menée tambour battant par le juge Thierry Jean-Pierre qui découvrit, en interrogeant P. Coicadan, secrétaire fédéral du parti socialiste de la Sarthe d'alors, que les entreprises qui souhaitaient des marchés devaient verser entre 2% et 4% du dit marché, par le biais de fausses factures, au cabinet d'études Urba. Lequel cabinet reversait 60 % de la somme aux caisses du parti socialiste (30 % localement et 30 % nationalement).  Ainsi furent reversés plus de 100 millions dans les caisses du parti socialiste entre 1987 et 1989. (Lire le Libé de l'époque, c'est ICI). Le trésorier du parti socialiste Henri Emmanuelli fut, d'ailleurs, condamné à dix huit mois de prison avec sursis et de deux ans de privation de ses droits civiques.
Cette affaire fit grand bruit dans notre ville il y a 20 ans et le juge Jean-Pierre avant d'être désaissi de l'affaire n'avait pas mâché ses mots : « 1981 marquait pour moi l’arrivée d’une éthique, d’une certaine morale. [...] C’est pour cela qu’on élit la gauche. Et quand on voit ce qu’elle est devenue dix ans plus tard, c’est vrai que ça rend très, très amer. »
Suite à cette affaire, une loi allait moraliser le financement des partis politiques, mais on vient de s'apercevoir, à la lumière de l'affaire Woerth-Bettencourt, comment il était encore facile de la détourner : créer un parti «politique » bidon autour de son nom, le faire financer légalement par de richissimes donateurs et participer ainsi à la campagne du candidat à la présidence de la République de son choix.
L'ouvrage de notre maire, en remuant cette vieille affaire de 20 ans, va-t-il concourir à redorer le blason du monde politique ?

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