lundi 14 mars 2011

Japon : ne déplaçons pas le problème...



J'ai longtemps hésité à faire une chronique sur le sujet. Les évènements qui se passent à l'heure actuelle dans les centrales nucléaires au Japon sont suffisamment alarmants et porteurs de tellement d'informations contradictoires qu'il me semblait bon de prendre un peu de recul. Même si, à l'heure actuelle, les informations laissent sous-entendre que la situation à Fukushima est incontrôlable...



Ce qui m'a décidé à écrire ces quelques lignes, c'est l'attitude de nos ministres et des dirigeants de l'UMP.
Pour les ministres, il faut sauver le soldat Areva... Entre Éric Besson qui parle « d'incident grave, mais pas nucléaire » et Nathalie Kosciusko-Morizet qui, elle, affirme que « l'énergie nucléaire est une bonne énergie », on pensait avoir touché le fond.
Mais voilà Jean-François Coppé qui lui, regrette la « manière assez indécente » dont les Verts « se saisissent de cette opportunité » pour dénoncer les choix énergétiques de la France. Voici Xavier Bertrand qui affirme que « certains responsables politiques écologistes n'ont pas besoin de verser dans l'exagération, dans la surenchère ».
À les écouter, le problème ne serait pas le nucléaire, mais les écologistes qui exploiteraient la situation... 
Je suis désolé : la catastrophe japonaise m'interpelle et devrait tous nous interpeller par la similitude du tout-nucléaire japonais et du tout-nucléaire français. N'oublions pas déjà que le combustible du 3ème réacteur de Fukushima est du mox venu directement de La Hague en France, que la centrale de Fessenheim est située dans une zone sujette aux séismes, que de nombreux incidents dûs aux systèmes de refroidissement sont arrivés dans 34 de nos réacteurs. N'oublions pas non plus les déclarations d'Alain Juppé qui affirmait qu'il avait été à deux doigts de faire évacuer Bordeaux lors de l'envahissement de la centrale nucléaire du Blayais par les inondations en 1999.
Les Français n'ont jamais été consultés sur le choix du nucléaire. Il est grand temps qu'ils le soient ! Surtout quand, nous, Mancelles et Manceaux vivons à 100 km de la centrale de Chinon et 250 km de celle de Flamanville !

3 commentaires:

  1. Sylvie GRANGER15 mars 2011 à 10:42

    Nos pensées sont toutes tournées vers le Japon et on est aux aguets des "informations" qui en proviennent. Donc tu ne peux pas ne pas en parler, sur ton blog comme dans la vraie vie, nous ne pouvons pas ne pas en parler.
    J'ai entendu ce matin sur Fce-Inter Ségolène Royal dire que nous étions indécents de relancer si vite le débat sur le nucléaire. Mais c'est elle qui est indécente en réagissant à une telle catastrophe par des considérations politiciennes ! Elle n'a rien de mieux à faire que de glisser des phrases pernicieuses sur ses potentiels "alliés" écologistes ???
    Et qu'on ne nous parle pas de récupération : ce qui serait de la récupération ce serait de surfer sur la vague de peur qui envahit le globe pour tenir un discours opportuniste. Les écologistes ont toujours tenu ce discours anti-nucléaire. Rien d'opportuniste donc et ce n'est quand même pas de notre faute s'il y a des élections dimanche. Ce n'est pas une raison, ces élections, pour ne pas dire et redire haut et fort que le nucléaire c'est dangereux là-bas et partout, et que c'est une fausse solution à la demande énergétique.ce qui serait indécent, ce serait de se taire.
    Sylvie Granger

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  2. L'accusation d'indécence des pro-nucléaire m'a fait bondir. Ce matin, j'ai eu le plaisir d'entendre Dominique Voynet sur France Inter, puis de lire, comme je le fais chaque matin, la chronique de Daniel Schneidermann sur le site internet "Arrêt sur im@ges" (payant, mais peu cher : 35 € pour l'année). J'en livre un extrait car je n'aurais pas écrit mieux :

    « INDECENCE, TENTATIVE DE DEFINITION

    Par solidarité avec les Japonais qui souffrent, il est donc "indécent" de soulever la question nucléaire. L'argument, d'abord émis par NKM et Besson, était repris au vol par Allègre hier soir sur France 2, et par Royal, au même moment, dans un meeting. Un débat ? Oui, demain. Après-demain. Un jour. Quand les choses se seront calmées au Japon. Mais pour l'instant, c'est "indécent". Pensez donc aux Japonais, si dignes, et qui nous regardent ! Etrange irruption du critère de "décence" dans l'agenda politique.
    A la vérité, ce débat, les nucléocrates n'en ont jamais voulu, et n'en veulent pas. Il a toujours été "indécent". Et cela remonte aux années 70. Un beau jour, dans les derniers mois du septennat interrompu de Pompidou, l'Etat a fait le choix du tout nucléaire. Le patron d'EDF a eu quelques heures, un samedi matin, pour proposer au gouvernement le nombre des centrales qu'il pouvait construire. Et dans l'urgence, personne n'a même songé à organiser un débat à l'Assemblée. Tout ceci est raconté dans un documentaire que nous avions diffusé, dans Arrêt sur images, en 1999, et qui prend aujourd'hui, alors que se fissurent les certitudes des nucléocrates à la même vitesse que les enceintes de confinement de Fukushima, une résonance singulière. »

    (En 1999, l'émission était encore diffusée sur France5, le dimanche midi.)

    J C

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  3. Sylvie GRANGER15 mars 2011 à 20:08

    Merci mystérieux JC pour ce commentaire qui apporte effectivement une belle démonstration. Oui, pour les nucléocrates, débattre du nucléaire est indécent. Nous devons TOUS ENSEMBLE les forcer à bouger, les forcer à le mener, ce débat.
    Sylvie Granger

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