dimanche 20 février 2011

Les roses du Kenya...



Les roses, en cette période de fête si commerciale de la Saint-Valentin de lundi dernier, ont envahi fleuristes ou étals du marché. Ce qui surprend d'abord, c'est le prix de ces roses et de plus, en plein mois de février, mois peu propice à l'éclosion des fleurs.
Sauf, on le sait, que ces fleurs ont été produites au Kenya. Cette production s'ajoute à toutes celles qui ont été « expatriées » en Afrique comme les melons du Sénégal, les haricots verts épluchés du Kenya, etc. 
Le bilan carbone, n'en parlons pas, puisqu'il faut financer leur voyage en avion : une fleur coupée n'attend pas trop ! Autre chose à savoir :  les roses du Kenya vont transiter par le marché aux fleurs de Aalsmer aux Pays-Bas avant de revenir chez nos fleuristes manceaux.
Mais il y a encore plus grave : les cultures de roses au Kenya sont concentrées au bord du lac Navaisha. Et les cultures pompent sans aucune restriction l'eau du lac. Le lac s'assèche à une telle vitesse que l'on parle de sa disparition dans les 20 ans qui viennent.
Tout jardinier sait aussi qu'il n'est pas très facile d'avoir de beaux rosiers si sujets à l'oïdium, la chlorose ou la rouille.  Là-bas, au Kenya, l'utilisation d'engrais et de pesticides se fait en masse, accentuant la mort du lac.
Parmi les producteurs, une société allonnaise bien connue fait fortune en employant mille salariés et produisant 80 millions de roses. Ce producteur a par ailleurs obtenu le label « Fairtrade » de Max Havelaar ! Le fait de créer 1000 emplois rémunérés aux environs de 70 € dans une région  où l'emploi est rare y a fait beaucoup, mais cela nous permet aussi de nous interroger sur la certification Commerce Équitable.
L'élément produit (fleur au détriment de cultures vivrières), son transport, ses conséquences humaines (exposition aux pesticides) et environnementales (assèchement du lac) doivent nous interroger.
Faut-il exploiter une main d'œuvre (moins de 3 € par jour pour 46 heures de travail), assécher un lac et empoisonner une région par les intrants pour sauvegarder son entreprise, comme l'affirme le dirigeant de cette entreprise sarthoise ?
Claironner que les écologistes tuent l'emploi en Afrique en appelant au boycott de ces roses est le discours bien connu des grands producteurs horticoles du Kenya. Ils oublient de vous dire qu'ils ont délocalisé leur entreprise, non pas pour sauvegarder l'emploi, mais tout simplement pour augmenter leur bénéfice. Et le développement durable  de l'Afrique est bien le cadet de leur souci.

Annexes :
• l'état du lac Naivasha, c'est ICI
• le site du producteur sarthois, c'est
• le site de discussions sur le boycott des roses kenyanes, c'est ICI
• une video expliquant le problème : c'est .

2 commentaires:

  1. Recommandons l'incroyable documentaire "le cauchemard de Darwin". Nos caprices ont un prix que l'on n'imagine pas.

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  2. Avons nous vraiment besoin de ces roses? Les fleurs de saison, c'est bien mieux et au moins c'est produit localement, alors offrons plutôt des jacynthes, violettes ou autres narcisses présents chez les horticulteurs locaux, avec un petit mot : "je viens de près de chez toi et je n'ai contribué à la ruine de personne et à la destruction d'aucun environnement"

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