vendredi 4 février 2011

Le Pré : on va où, là ?



De passage hier place du Pré, j'ai pu constater la disparition de l'aménagement dont j'avais vanté l'efficacité : des potelets placés devant l'église libérant l'entrée de l'église (voir photo ci-dessous). J'avais été alerté, en effet, par une famille qui me signalait qu'un corbillard avait eu toutes les difficultés du monde pour accéder à l'entrée de l'église du fait de stationnements abusifs de voitures.


Le service voirie avait ré-aménagé la circulation  sur la place, trop souvent traversée à pleine vitesse par des voitures en mal de raccourcis. Hier plus rien ! Je m'en suis donc ouvert au vice-président Transports Le Mans Métropole Jean-Louis Prigent, lequel m'a appris que le Maire-Président les avait fait enlever suite à des protestations de riverains (?) qui se plaignaient de la disparition de 12 places de parking. Je ne vais surtout pas dire que ces riverains ont pu être encouragés par un élu du quartier peu favorable à cette mesure ! Solidarité  politique oblige !
Il en résulte qu'une fois de plus la voiture-reine a encore gagné...  et cette place devant un monument historique classé va retrouver sa vocation : parking !


Je suis en colère par ce qui vient de se passer : 12 places de supprimées et c'est la révolution. Ok ! Aura-ton le même courage politique pour rétablir les rues piétonnes rue de Bolton, carrefour de la Sirène, rue des  Jacobins, rue des Minimes ou encore du Docteur Leroy et boulevard Levasseur car j'affirme aujourd'hui qu'elles n'existent plus tant elles sont squattées par les véhicules à moteur ?
Jean-Louis Prigent, lui aussi un peu amer vient de m'envoyer un mail qui traduit ses états d'âme. Je lui laisse bien volontiers la parole :
« Automobilistes manceaux, dormez tranquilles, amateurs du patrimoine, passez votre chemin.

Il y a 15 ans la devise de notre ville était "Le Mans, la ville de l'automobile". Aujourd'hui j'espérais que cette époque était révolue et que l'on avait compris que la voiture, moyen de transport parfaitement adapté à certaines occasions, prenait vraiment trop de place en ville et devait s'effacer un peu (je dis bien "un peu") pour améliorer le cadre de vie des citadins. Qui peut nier les problèmes de bruit, de pollution, de sécurité, de surconsommation énergétique, d'encombrement des voies, des places et des trottoirs que nous subissons par notre soumission à la "bagnole reine" ?

 Récemment, un petit pas a été fait sur la place du Pré pour rendre un peu d'espace public à autre chose que des autos. À la demande de la paroisse, les services de la communauté urbaine, avec mon accord, ont dégagé un parvis devant l'église, empêchant tout véhicule d'y pénétrer en dehors des cérémonies. Je suis parfaitement athée, mais j'ai quand même vite admis qu'un corbillard qui ne peut même pas accéder à la porte d'une église, ce n'est pas bien.
Mais, je dois bien l'avouer, mon enthousiasme volontaire a été motivé bien plus par la volonté de civiliser une circulation et un stationnement anarchiques et surtout, surtout, le fait que nous offrions jusqu'alors l'image déplorable d'un monument historique classé englué dans des bagnoles !
Hélas, supprimer un douzaine de places de stationnement est encore aujourd'hui au Mans un crime de lèse-majesté-automobile. Devant les protestation de riverains criant au scandale, monsieur le maire a ordonné le démontage de l'aménagement et, croyez-moi, j'en suis sincèrement navré.
Comment  vouloir jouer dans la cour des grands en faisant la promotion du Mans, ville d'Art et d'Histoire, une cité au patrimoine exceptionnel revendiquant une inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO, et laisser nos perles patrimoniales gâchées par des centaines d'automobiles ? C'est un casse-tête, pour des touristes et amoureux de belles architectures, de prendre des photos sans être en permanence gênés par des autos et cela, un peu partout : l'église du Pré, l'hôtel de ville, l'hôtel-dieu Coeffort, le Pilier rouge, la cathédrale vue des Jacobins, la statue de Chanzy, la façade du Carré Plantagenêt, l'église de la Couture, et j'en passe !
Alors stop, soyons volontaires et faisons la chasse à ces stationnements indignes de notre belle ville ! Redonnons nos places, placettes et squares aux promeneurs, aux chalands, aux jeux d'enfants, aux touristes et aux joueurs de pétanque ... !
Il y a des solutions pour permettre aux mancelles et au manceaux de ne plus avoir 2 ou 3 voitures par foyer, puis de garer leur automobile pas trop loin de chez eux sans que nous soyons submergés. Q'on ne me fasse pas dire que je suis "anti-bagnole", j'en ai une et je m'en sers régulièrement dès lors que je n'ai pas de solution alternative, mais croyez-moi, on peut se désintoxiquer et vite prendre plaisir à faire tous les trajets de moins de 2 ou 3 km à pied et au delà en tramway, en bus, à vélo ou à roller ; la voiture est une facilité et une vraie liberté (qui empiète cependant sur celle des autres) mais c'est bien souvent aussi une contrainte (ne serait-ce que pour la garer !). Savoir l'utiliser uniquement quand c'est nécessaire devient une véritable source d'apaisement. Cet apaisement de chacun peut mener à la sérénité retrouvée de toute notre ville désormais "Une sacré Nature ! ".

2 commentaires:

  1. Je pensais que l'intérêt général primait sur l'intérêt particulier.
    Allons ! Citoyens, Citoyennes , à vos bulletins !

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  2. Lire ces deux textes, celui du blog d'Yves Ollivier et la lettre de Jean-Louis Prigent qu'il cite, me fait réagir et je ne peux me retenir (en tant qu'ancienne élue au patrimoine, et en tant que citoyenne du Mans tout simplement) d'exprimer toute ma solidarité à ces deux élus Verts.
    En effet, la charmante place du Pré mérite mieux qu'un triste destin de parking. Et l'église du Pré dont on dit toujours qu'elle est une image en réduction de ce qu'était la cathédrale St-Julien du temps où elle était romane, aura un rôle à jouer pour convaincre les instances chargées d'attribuer le label Unesco.
    Sylvie Granger
    (élue déléguée au patrimoine 2001-2008)

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