vendredi 12 juin 2009

24 heures du Mans...

Vendredi, j'ai les honneurs de Ouest-France. Le quotidien a entrepris une longue enquête sur le phénomène "24 heures du Mans" et le thème du jour était consacré à la pollution. Interviewé par un journaliste la semaine dernière, je m'étais exprimé assez longuement avec lui et ce matin, cela me vaut d'être "un des rares élus sarthois à s'afficher clairement anti-24 heures".
Oui, j'assume... du moins dans sa forme actuelle.
Est-il concevable pour un Vert de voir tourner 55 voitures pendant 24 heures qui vont consommer plus de 300 000 litres à raison de 45 litres de carburant aux 100 km ? Certes, des comparaisons sont avancées : 6 minutes sur le périph parisien, liaison Paris-Sydney par avion. Mais, sur le fond, ça change quoi ? Question corollaire : et les 200 000 spectateurs, sont-ils venus à pied ?
La presse s'extasiait aussi sur la performance de la Peugeot qui venait d'aligner une vitesse moyenne de 241 km/h sur un tour lors des essais jeudi soir ! Un rapprochement s'impose : l'État vient de remettre 3 milliards d'euros dans les caisses de Peugeot dans le cadre de la sauvegarde de la filière automobile (innovation, pas de licenciement et pas de délocalisation) ? Fabriquer une voiture qui roule à 240 km/h et qui consomme 40 litres, c'est de l'innovation qui va sauvegarder la filière ? Peugeot n'aurait-l pas d'autres choix dans l'utilisation des 3 milliards d'euros sortis de la poche des contribuables ?
Deuxième objection fréquemment soulevée : les 24 heures seraient une fête pour les manceaux.
Quels manceaux ? À 62 € par personne pour un droit d'entrée dans l'enceinte des 24 heures ? Les anciennes "populaires" à prix modique ont disparu et beaucoup de manceaux ont déserté. Restent les combines, les places gratuites pour un petit nombre (j'en ai eu deux en tant qu'élu). La parade des pilotes, c'est la fête ? Oui, le manceau se contente de la parade des pilotes ou des essais (25 € quand même !) parce qu'il n'a pas les moyens de se payer une place. Les 24 heures sont devenues celles des gens aisés, pas de toutes les mancelles et de tous les manceaux.
Troisième objection : les retombées économiques. Pour qui ?
Depuis 2001, le circuit est la propriété d'un syndicat mixte (50% Conseil Général, 25% Région, 25% Ville) qui le loue 2 millions d'euros à l'ACO pour y organiser des courses. Cela veut dire que le moindre petit travail sur le circuit est à la charge du propriétaire et est financé par les deniers des manceaux pendant que l'ACO (association de loi 1901 à but non lucratif... sic) va engranger 36 millions d 'euros ! (entrées, droits TV, locations d'espaces, etc.).
Nicolas Hulot, récemment, disait : "Dans le contexte de changement climatique et de raréfaction des énergies fossibles, il est étonnant qu’une collectivité souhaite investir de l’argent public pour promouvoir une activité symbolique des dérives de notre société surconsommatrice d’énergie." D'accord, il ne parlait pas des 24 heures du Mans, mais du projet de circuit de Formule 1 à Flins, soutenu d'ailleurs par notre Premier Ministre François Fillon, grand défenseur de la compétition automobile et des 24 heures.
Les retombées pour la ville. Parlons-en... Qui salarie, à votre avis, les balayeurs en pleine action samedi matin à 6 heures pour effacer les traces des agapes et autres débordements alcoolisés qui ont suivi la parade des pilotes de la veille ? Qui subit les restrictions de déplacement dans les quartiers sud ? Lors de deux visites de quartier, nous avons eu beaucoup de remontées à ce sujet. Qui subit le bruit ? Il me semble avoir lu que la Ddass distribuait des bouchons pour se protéger les oreilles : 110 décibels sur le circuit... et dans les alentours ?
Quatrième objection : les 24 heures du Mans serait l'endroit des innovations technologiques. Certains discours laissent à penser que c'est aux 24 heures qu'auraient été mis au point phares à iode, freins à disque, etc. Mais qui va nous faire croire que les constructeurs automobiles n'auraient pas mis au point ces innovations si les 24 heures n'avaient pas existé ?
Non, les 24 heures du Mans, dans leur forme actuelle (vitesse, consommation,...) sont dépassées et sont une insulte à ceux qui se battent pour la sauvegarde de notre planète.
Alors pourquoi ne pas transformer cette course "mythique" en une vitrine d'une réelle innovation technologique où serait imaginé le véhicule de demain ? Peut-on prétendre aujourd'hui que les Peugeot, Audi, etc. qui tournent en rond pendant 24 heures ont un avenir ?
Sera-t-il possible de convaincre l'Automobile Club de l'Ouest, si attachée aux 24 heures dans leur forme actuelle? J'en doute... J'en veux pour preuve que c'est le circuit Paul Ricard (circuit concurrent du Mans) qui vient de signer un accord avec Tesla (voiture de sport électrique de chez Daimler construite en Californie) pour organiser une compétition de véhicules électriques en mai 2010 !


1 commentaire:

  1. Complètement archaïque cette manifestation!
    Flattant les instincts les plus cons des hommes. Bravo à ceux qui se battent pour changer ça. Comment on peut se joindre à vous. Pétition?

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