samedi 14 juillet 2012

Où va Le Mans FC ? Où va le foot ?



Dure fin de semaine avec l'annonce de la rétrogradation de Le Mans FC en national. Et cela risque d'être le mauvais feuilleton de l'été.
Notre collectivité a fait un effort important lors du dernier Conseil Municipal. En acceptant de revendre à la Société Civile Immobilière le terrain de la Pincenardière pour 1,9 M€ et de revoir les clauses de l'aléa sportif qui n'avaient pas été prévues lors de la signature entre notre collectivité et Le Mans Stadium, concessionnaire du stade, nous pensions avoir montré l'importance que la ville accordait à la présence d'un club résident à la MMArena. 
Cela n'a pas pesé lourd lors de l'entrevue des dirigeants du club avec la Direction Nationale des Comptes de Gestion (DNCG).
Alors, bien sûr, on tape sur cette DNCG coupable de tous nos malheurs... Mais sait-on que cette commission comporte 18 membres tous issus du milieu du foot dont 4 experts-comptables pour la commission de premier niveau et 12 membres pour la commission d'appel ? Je ne pense pas que la décision ait été prise à la légère. La DNCG a estimé que les éléments apportés par le président Henri Legarda étaient plus qu'insuffisants. Il semblerait, par exemple, que la SCI qui devait acheter le domaine de la Pincenardière n'était SCI que sur le papier.
Reste aussi le déficit du club : on nous parlait de 4,5 M€.... on nous parle aujourd'hui 6 M€ ! Et il est bien là, le problème... on voudrait en savoir un peu plus sur les comptes du Mans FC. On nous dit que le droit d'entrée à la MMArena est de 75 000 € par match, soit donc environ 1,5M€ pour une saison. Oui, cela fait une somme importante mais les dirigeants le savaient bien que l'utilisation de la MMArena leur coûterait cher. Ensuite, il a été avancé que le coût du centre de la Pincenardière, centre d'entraînement et siège du club était trop lourd à supporter... De là l'idée de lancer une souscription auprès des Mancelles et des Manceaux comme le suggère l'UMP... Nos élus de l'opposition feraient bien d'en parler à nos concitoyens  pour qui mettre un sou de plus dans le football est quasi-insupportable.
Comment peut-on alors expliquer un tel déficit du club ?
Comme je l'ai dit lors de mon intervention au Conseil Municipal du 27 juin, le football professionnel est malade. En 2010, les 655 clubs professionnels européens affichaient une perte cumulée de 1,6 milliard d'euros. Et plus d'un club sur deux avait un résultat négatif. Pourtant, les revenus liés au foot augmentent : 12 milliards en 2009, presque 13 en 2010 dus essentiellement aux recettes des diffusions télévisées.
Alors qu'est-ce qui plombe le foot professionnel ? Essentiellement la masse salariale : en 2010, elle s'élevait à 65% du chiffre d'affaires en moyenne. Cette situation est le résultat de la course folle aux recrutements. En 2011-2012, chaque club a effectué, toujours en moyenne, une dizaine de recrutements. Le transfert peut, bien sûr, se faire sans indemnité si le joueur est en fin de contrat, mais le plus souvent le club acquéreur verse une indemnité de transfert au club vendeur quand le joueur n'est pas en fin de contrat.
Le dernier exemple édifiant est celui du transfert de deux joueurs de l'AC Milan au Paris Saint Germain : 65 millions d'euros rien que pour le transfert !
Le foot est devenu fou, les joueurs sont devenus une marchandise et les clubs des entreprises dans lesquelles on investit par souci de rentabilité. Certains clubs ne peuvent plus suivre, c'est le cas de Le Mans FC qui s'est sûrement essoufflé dans cette course aux transferts. De plus, le temps des recrutements heureux : Drogba, Grafite, Di Melo, Gervinho, etc. s'est arrêté et le départ de Daniel Jeandupeux, en partie responsable de ces recrutements, n'améliorera pas les choses.
N'oublions pas non plus que le club du Mans FC est une société anonyme sportive professionnelle et que notre collectivité n'y est pas engagée. Alors, oui, aujourd'hui nous en sommes réduits à attendre les résultats de l'appel qui a été fait devant le Comité national Olympique et Sportif Français qui devrait rendre son avis aux alentours du 19 juillet. 
Alors, oui, il y a aussi des raisons d'être inquiet. Car, si le club reste en ligue 2, il sera sûrement interdit de recrutement et la future saison risquera d'être autant galère que celle de la saison passée ; si le club est rétrogradé en National, ville et concessionnaire se retrouveront à parler occupation de la MMArena et gros sous ; enfin si le club met la clé sous la porte, la MMArena se retrouverait sans club résident et donc une coquille vide avec tous les frais inhérents à la situation.

Le Président du Conseil général, Jean-Marie Geveaux a bien aussi souligné avec justesse le caractère exemplaire de ce qui se passait au Mans par rapport à toutes les villes qui s'engageaient dans des constructions ou rénovations de stades. Il est bon, en effet, de rappeler que la Ligue Française de Football pousse les collectivités à moderniser les stades ou en construire de nouveaux, mais laisse ces mêmes collectivités en plan le jour où les clubs résidents ont des problèmes.
Le football professionnel européen ne se sortira pas de l'ornière tant qu'il n'aura pas arrêté cette course folle à l'argent. À l'image  de ce que la NBA américaine a fait pour ses clubs de basket, il faut que l'Union Européennes des Associations de FootBall (UEFA) impose, comme première mesure, le plafonnement de la part des salaires dans le budget des clubs.

3 commentaires:

  1. Moi j'aime pas le foot.Je ne mettrai jamais les pieds au stade.
    Il serait bon de détailler dans les futurs impôts locaux la part de chaque contribuable destinée au remboursement et au fonctionnement du stade.

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  2. L'argent consacré à ce "sport" immoral est sidérant ! Je serais en effet assez curieux de savoir combien je paie dans mes impôts locaux pour financer cette aberration.
    Sois certain Yves que si les contribuables savaient combien coûte cette ineptie ; ils refuseraient en masse de payer.

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