vendredi 26 septembre 2014

Histoire de nez


L'occasion de reprendre la plume était trop belle pour la laisser passer. Puisque certaines et certains effacent mes commentaires dans les réseaux sociaux comme s'ils étaient gênants, autant mettre mon grain de sel à un endroit où je sais qu'ils ne risquent pas d'être effacés.
De quoi s'agit-il ?
Jean-Claude Boulard, candidat aux élections sénatoriales de dimanche prochain, cherchait une occasion de se mettre en avant. Il l'a trouvée par le biais d' une lettre humoristique à la Préfète pour remettre en cause les normes exigées pour la qualité de l'air des lieux fréquentés par les très jeunes Mancelles et Manceaux. Sans s'apesantir sur la question de santé publique, il préférait jouer le héraut des maires qui n'en peuvent plus des normes (et ça, c'est tout bon pour les élections sénatoriales) :
« En cas d’alerte de mon nez ou celui de mes agents, nous ne manquerons pas de réagir sans délai, en ouvrant la fenêtre.  »
Une première question : se serait-il montré aussi cavalier s'il ne s'était pas adressé à une femme ? On remarquera au passage le « mes agents » qui en dit long sur sa façon de présider aux destinées de notre collectivité et sa façon de considérer les fonctionnaires territoriaux.
Cette position amènera les élus Verts de la collectivité à réagir de façon très juste :
« Cela traduit au mieux un trait d’humour douteux, si ce n’est une méconnaissance de cette question de santé publique. » (L'intégralité du communiqué est ICI).
Sauf que le courrier du maire a eu un certain retentissement (c'était le but) et, en particulier, une reprise dans le Canard Enchaîné :


Auréolé alors d'une notoriété nationale, son courrier, avec d'autres raisons sûrement, amènera Ségolène Royal, ministre de l'Écologie, à annuler mercredi dernier les dispositions prises par le gouvernement de François Fillon qui instituaient le contrôle de la qualité de l'air dans les crèches et les écoles. Ce qui permet à Jean-Claude Boulard de crier victoire dans le communiqué ci-dessous (un clic dessus permet de l'agrandir) :


Victoire ? Les petites Mancelles et les petits Manceaux apprécieront. La qualité de l'air respiré par nos têtes blondes et brunes est le cadet des soucis du maire. Il ne veut pas entendre parler du danger de respirer du formaldéhyde ou du benzène, sans parler des particules fines trop présentes depuis quelque temps dans l'air de notre ville.
Pourtant, un organisme existe pour mesurer la qualité de l'air : il s'appelle Air Pays de la Loire. Cet organisme regroupe les collectivités locales, l'État, des industriels et des associations. Toutes les grandes villes de la Région Pays de la Loire, sauf Le Mans, appartiennent à cet organisme et bénéficient plein pot de toutes les prestations d'Air pays de la Loire. Notre collectivité soutient en subventionnant l'organisme. Elle ne fait donc pas partie du Conseil d'Administration. Pour quelle raison ?
Tout simplement par un diktat de Jean-Claude Boulard qui trouve que l'adhésion coûte trop cher ! Et rien n'a pu le faire changer d'avis... Il considère que ces mesures de la qualité de l'air relèvent du gadget. Mëme chose pour la création d'un pollinarium : jardin composé d'espèces allergisantes dont la pollenisation est surveillée. Sur la page d'Air pays de la Loire, la ville du Mans est cruellement absente (c'est ICI).
Autre action engagée par Air Pays de la Loire, c'est l'étude de l'air respiré par les élèves. Notre maire pense que son nez suffit pourtant prenez le temps de lire cette remarquable analyse de la qualité de l'air de la maternelle Rivoli à La Roche-sur-Yon réalisée par Air pays de la Loire (c'est ICI).
On peut y lire en conclusion : « Cette identification des sources à l’origine de la pollution en formaldéhyde dans les établissements scolaires est une base d’informations précieuse pour les gestionnaires des établissements. Outre des travaux conséquents visant la substitution d’éléments du bâti par des matériaux moins émissifs, travaux à prévoir dans le cadre de rénovations, il s’avère que dans certains cas, le retrait de certains éléments du mobilier ou de décoration peut être une mesure simple et efficace pour diminuer les niveaux de pollution en air intérieur. »
En quoi les écoles du Mans seraient différentes ?
Il n'est plus possible qu'un seul homme décide de ce qui est bon pour les petites Mancelles et petits Manceaux, qu'il décide d'en rire alors que les pollutions de l'air s'aggravent de jour en jour et qu'une ministre lui fasse plaisir en repoussant l'obligation d'analyses sine die.
Notre ville a surtout aussi besoin d'un grand bol d'air... de démocratie !
Quant au nez du maire, laissons la conclusion à Edmond Rostand :

 Pédago : moi Monsieur, si j'avais un tel nez
Il faudrait, air de crèches que je respirasse !

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