lundi 9 décembre 2013

Voilà, c'est fini...


J‘ai pris la décision de quitter Europe-Écologie-Les Verts.
Ma décision résulte de deux constats : l’un national, l’autre local.
Dès le départ, je me suis montré critique de notre participation gouvernementale. Je me suis fait une raison en espérant que l’accord signé entre Europe-Écologie Les Verts et le Parti Socialiste permettrait d’aller vers une société plus sociale et plus écologique, mais force est de constater qu’aujourd’hui  pratiquement aucun des termes de cet accord n’a été respecté.
Bien au contraire, les mesures  gouvernementales prises ne s’inscrivent que dans un cadre de croissance et malheureusement aussi, d’une idéologie sécuritaire. Pour mémoire le cadeau de 20 milliards fait aux entreprises, et ceci au détriment des ménages et des collectivités locales. Pour mémoire encore, le soutien aux grands projets inutiles, le nucléaire, la politique agricole ; le renoncement à l’écotaxe, les expulsions de Roms, …
Qu’en est-il du droit de vote des étrangers, de la réforme territoriale, de la loi contre les cumuls des mandats, de la proportionnelle ? Où est passé le budget du Ministère de l’Écologie ?  
La suppression des niches fiscales concernant les transports, le diesel, l’agriculture et  les pesticides est toujours au point mort et pourtant leur impact sur l’environnement comme sur la santé est catastrophique.
Je n‘accepte plus ce qui ne correspond pas au projet autrefois  porté par ce qui était « mon » parti.  J’ai attendu et espéré que le congrès de Caen apporte  une rupture avec cette orientation politique-là. Il n’en a rien été et je me suis rendu compte que, plus que jamais, Europe Écologie-Les Verts, pour conserver ses postes, serait systématiquement solidaire des décisions prises par ce gouvernement quelles qu’elles soient.
 Localement, je ne m’en suis jamais caché, j’ai défendu le principe d’une liste autonome d’Europe Écologie-Les Verts au premier tour des élections municipales pour lesquelles j’avais publiquement annoncé dès le mois de juin 2013 que je n’étais pas candidat.
Constatant, pour la ville, un bilan écologique assez peu gratifiant (comme, par exemple, sur les dossiers aussi emblématiques que la politique vélo, le bio dans les cantines, l’extension du boulevard nature,  la prise en charge de la pollution de l’air,…), il me semblait essentiel de réaffirmer un certain nombre de fondamentaux.  D’autre part, cette autonomie permettait de présenter – et n’est-ce pas la fonction même d’un parti politique ?- notre programme aux Mancelles et aux Manceaux. Puis, de mesurer réellement par les urnes le bilan des élus Verts. Et une fois mesuré le poids des écologistes, il était bien temps ensuite de négocier un accord de deuxième tour avec le Parti Socialiste.
Ce positionnement de liste autonome, conforme aux préconisations nationales pour les villes de plus de 100 000 habitants,  aurait permis de créer une dynamique autour d’idées novatrices, écologiques, et généreuses. Ce n’est pas en soumettant cette proposition aux adhérents et aux sympathisants un 26 août qu’on crée les conditions de sa réussite.
 Sans surprise, les 22 présents de l’assemblée générale de fin septembre ont  choisi de se raccrocher à la proposition d’une liste commune avec le Parti Socialiste qui offrait le même nombre d’élus et de délégations que dans la municipalité précédente.
Je suis alors devenu minoritaire dans mon parti et j’ai découvert la « placardisation » : filtrage des informations, volées de bois « vert  », anathèmes, bref… une poussée vers la sortie. Comme au niveau national, une « firme » locale s’est créée où la caporalisation occulte le débat d’idées. Un seul objectif : les postes et si possible, les plus prestigieux : première adjointe, culture, etc. 
Pour moi, une cure d’humilité s’imposerait : en dix ans, le nombre de Verts a fondu sur la ville du Mans entre démissions et non-réadhésions, c’est le moins que l’on puisse dire.
Ce n’est pas ma conception de la politique et je n’ai pas choisi les Verts voici 14 ans pour me condamner à n’être qu’un supplétif du Parti socialiste. 
Oubliés le temps d’un parti vivant, le temps de débats d’assemblées générales longs, animés mais fructueux, le temps des mobilisations fortes sur le terrain, le temps des espérances suscitées par nos premiers succès électoraux, le temps de la militance sur le terrain… Où est passé ce parti lanceur d’idées ? Je constate qu’aujourd’hui  il est devenu un parti comme les autres sclérosé par sa stratégie d’alliance. Nos électeurs s’y reconnaissent-ils ? 
Je crains que l’avenir ne soit amer et que ne soit venu le temps de la PRGisation.
Je crois trop en l’écologie politique pour accepter cette situation.  Je choisirai donc d’autres combats pour tenter de la faire avancer

Yves OLLIVIER
Le Mans, le 9 décembre 2013.

10 commentaires:

  1. Mon cher Yves
    je suis triste de ton départ et je le regrette vivement.
    Je t'adresse toute mon amitié pour ta personnalité
    et tout mon respect pour ton travail militant.
    Amitiés, Jean EDOM

    RépondreSupprimer
  2. EELV branche minoritaire du Parti Socialiste dit "oui" à chaque décision prise pour conserver ces quelques postes honorifiques à l'échelon national comme local. Bonne décision de votre part,voir l'écologie autrement.
    dur combat.
    un fidèle lecteur

    RépondreSupprimer
  3. Félicitations! Après Noël Mamère, enfin un autre membre
    d'EELV qui prend ses responsabilités et fait passer ses idées avant une place bien au chaud. Je ne vous suis pas sur tout (la politique de Valls me convient tout à fait, n'en déplaise à monsieur Mélenchon qui se ridiculise par tous ses excès verbaux).
    En revanche que font les Verts au gouvernement avec des décisions aussi scandaleuses que l'aéroport de Nantes, la taxe écolo (à quand sa suppression?), j'en passe et des meilleures.
    Les places sont vraiment douillettes au gouvernement.
    Je préfère ne pas donner mon avis sur Cécile Duflot:je serai vulgaire.
    Le problème : pour qui voter?
    Encore bravo monsieur Ollivier.

    RépondreSupprimer
  4. Une envie de connaître la position du groupe des élus EELV ? n'hésitez pas à cliquer sur ce lien : http://elus.verts.lemans.over-blog.com/

    RépondreSupprimer
  5. Mon blog a toujours un lieu d'expression libre et dans le millier de commentaires qui s'est exprimé, seuls deux commentaires racistes ont été supprimés. Et en aucun cas, je me serai permis de censurer le communiqué des élues Vertes et des élus Verts. Donc rien n'empêchait le groupe des élus Verts de diffuser sur mon blog son communiqué. En voici d'ailleurs la teneur :
    "Communiqué de presse du groupe des élu.e.s Europe Écologie Les Verts :


    Yves Ollivier a décidé de quitter notre parti avec pertes et fracas, comme il est dans son style de le faire. C'est pour nous un immense gâchis, mais ce n'est pas une surprise. Depuis plusieurs mois il dénonçait notre participation au gouvernement et il est vrai que c'est une séquence difficile que vivent les écologistes souvent déçus voire amers des mesures prises ou au contraire toujours remises à plus tard.

    Quant au niveau local il n'avait pas digéré la décision démocratique du groupe de repartir aux côtés du parti Socialiste pour les Municipales de 2014.

    Nous savons toutes et tous qu'il est plus difficile d'être aux affaires que dans l'opposition. Nous le savions d'emblée en acceptant de participer, nous savions que nous entrions dans une longue période où il faudrait travailler, travailler, essuyer les critiques et garder la tête haute envers et contre tout. Sans cette persévérance, nous ne pourrions montrer aux mancelles et manceaux qu’au niveau local, le long travail des écologistes a porté ses fruits : mise en place de deux lignes de tramway, d’un Agenda 21, d’un Plan Climat Energie, réduction de 40 % les consommations d’éclairage public, introduction de produits bio dans les cantines, de clauses d'insertion sociale dans les marchés publics, rénovation énergétique des bâtiments du parc social, sans compter l’énorme travail réalisé à l’échelle du Pays du Mans…



    Tout cela les écologistes l'ont porté, parfois vent debout face à leurs partenaires. Alors certes rien n'est parfait et le travail est loin d'être terminé, mais il avance pas à pas ; et nous sommes fiers d'y participer, pour le bien de l'intérêt général, en dépit de nos frustrations individuelles.

    Bien sûr nous regrettons le départ d'un militant historique, au verbe haut, souvent poil à gratter de notre mouvement. On peut décider de quitter le navire quand le mal de mer est trop fort, mais il aurait fallu le faire avec panache en souhaitant bon vent à ceux et celles qui restent courageusement au gouvernail !



    Le 10 décembre 2013

    Le groupe des élu.e.s du Mans Europe-Écologie Les Verts "

    RépondreSupprimer
  6. Est-ce vraiment du courage de continuer à cautionner les décisions socialistes?

    RépondreSupprimer
  7. Salut Yves,
    Anne et moi avions adhéré en 1999 au Mans. Ce que tu dis sur le parti de l'époque est vrai. Sur le parti d'aujourd'hui aussi.
    Non seulement il y a d'autres combats écologistes, mais, comme dirait un autre sarthois : le pouvoir est ailleurs !
    Amitiés angevines
    www.angersnaturellement.fr

    S. Raimbault

    RépondreSupprimer
  8. Bizarrement EELV 72 la joue "cool" et omet de relever vos observations quant à votre placardisation et à la firme locale (des noms!, des noms!...) Tout ce que vous dites est malheureusement tellement vrai. Je ne pense pas du tout que "le long travail a porté ses fruits". Je suis allé sur le site des élus Verts, j'ai consulté les rapports sur le DD à la Ville du Mans et sur Le Mans Métropole: globalement, c'est creux; c'est un copié-collé de toutes les actions plus ou moins en lien avec l'écologie, qui ne dit pas grand-chose de l'influence réelle d'EELV au sein de la majorité municipale. Celle-ci est en fait très proche de zéro: que voulez-vous pouvoir faire avec le maire actuel? Il est aussi écologiste que socialiste.... c'est dire! EELV 72 ressemble effectivement à EELV France, un parti qui a nourri quelque espoir et qui déçoit énormément. Daniel Cohn-Bendit, Noël Mamère, Isabelle Attard, vous, d'autres suivront... Votre franc-parler va manquer au si peu de démocratie territoriale qu'il y a sur Le Mans. Bon courage et bonne continuation.

    RépondreSupprimer
  9. A force de faire le grand écart Europe écologie les verts perd toute crédibilité !
    Bravo Yves, je t’aime ! Même si je me demande qui va défendre nos places, de parking vélo nos piste cyclable, nos combat de gauche !
    Sébastien Côme

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Les copains et copines verts qui resteront et qui je l'espère seront élus seront là pour faire avancer sans doute pas aussi vite que le désirerait Yves mais pour moi chaque pas compte.Et je pense que ceux qui seront élus seront là pour avancer l'écologie un peu( nous ne sommes pas encore majoritaires en France!)
      DMB

      Supprimer