La FDSEA de la Sarthe et les Jeunes Agriculteurs affiliés à la même fédération avaient appelé à la manifestation mardi soir. Ils entendaient protester contre la directive européenne « nitrates » qui date, il faut le savoir, de 1991 !
Cette directive avait pour but de protéger l'environnement et, en particulier, les ressources en eau. Devant le retard pris par la France, La cour de Justice de l'Union Européenne veut que la France applique cette directive sous peine d'une amende de 20 millions d'euros. Sauf que la FDSEA Sarhe ne veut pas en entendre parler. D'où la raison de la manifestation...
Le malheur, c'est que nous sommes en période d'élections aux Chambres d'Agriculture et que la FDSEA se livre à la surenchère avec les syndicats concurrents. Bien sage pendant le gouvernement Fillon-Sarkozy (n'oublions pas que le président des députés UMP, Christian Jacob, n'est autre que l'ancien président du CNJA), la FNSEA s'est lâchée mardi soir... et comme d'habitude, c'est notre ville qui en a été la victime.
Les agents de la ville ont beaucoup travaillé dans la nuit pour évacuer pneus et fumiers un peu partout éparpillés dans la ville et sur la ligne de tramway. Le matin, la ville était propre.
Elle garde toutefois les séquelles du passage mouvementé des tracteurs et remorques sur le rond-point face au Leclerc des Fontenelles. Les agriculteurs se sont déchainés, sous les feux de l'hélicoptère de la police, contre deux camions qui emêchaient l'accès au parking du centre commercial.
Le parterre qui entoure l'arbre métallique a littéralement été labouré, une fois plus. Notre collectivité avait été obligé de le refaire après un passage de ces mêmes agriculteurs (c'est ICI). Ce matin encore, les séquelles étaient bien présentes :
Une fois de plus, notre collectivité remettra en état ce parterre aux frais du contribuable manceau.
Bertrand Delanoë, maire de Paris, vient d'envoyer la note aux organisateurs de la manifestation contre le mariage pour tous, facturant ainsi les dégâts occasionnés au Champ de Mars. Ne serait-il pas bon d'envoyer également la facture à la FDSEA ?
Ci-dessous le communiqué d'Europe-Écologie Les Verts.
« Les manifestations de certains membres de la FDSEA suite au classement de nouvelles communes en zone vulnérable au titre de la pollution par les nitrates a atteint un niveau de violence inquiétant hier. Europe Ecologie Les Verts regrette ces réactions et appelle à la concertation.
Soyons clairs, c’est l’inertie de l’État français depuis plus de 30 ans, sous la pression du puissant lobby d’une partie de la profession agricole et de l’industrie agro-chimique, qui nous conduit dans l’impasse actuelle : nous risquons d’être condamnés par la Cour de justice de l’Union européenne pour manquement à la directive « nitrates » de 1991. Potentiellement à la clef : 20 millions d’euros d’amende et 200 000 euros d’astreinte par jour jusqu’à ce que la France rectifie le tir. Tout ça aux frais du contribuable !
Outre cette menace lourde, rappelons que les enjeux sont conséquents en termes d’environnement mais aussi de santé publique : dépassement des normes d’eau potable avec risques de cancers, diminution de la biodiversité dans nos cours d’eau, sans parler des épisodes d’invasion d’algues vertes et bleues, dont les derniers remontent à pas plus tard que la semaine dernière.
Dans ces conditions, refuser le classement des zones présentant des concentrations de nitrates supérieurs aux objectifs de la directive est irresponsable et Europe Écologie Les Verts soutient donc les propositions de l’État.
Cependant, il serait tout aussi irresponsable d’ignorer les conséquences d’un tel classement. Aujourd’hui, le programme d’actions proposé défavorise les élevages extensifs. En cette période de crise, où les éleveurs croient voir miroiter l’opulence céréalière, le risque est grand de voir l’élevage abandonné et les prairies retournées, au profit des grandes cultures, avec des conséquences graves tant pour la santé que pour l’environnement (appauvrissement des sols, arrachages de haies, pesticides…). Europe Écologie Les Verts demande donc à l’État d’élaborer dans la concertation un programme d’actions adaptées et efficaces, associé à des mesures d’accompagnement techniques et financières pour les éleveurs. Nous demandons aussi l’abrogation des décrets du 10 octobre 2011 et arrêté interministériel du 19 décembre 2011 qui autorisent in fine une augmentation des quantités de nitrates épandus et défavorisent les élevages extensifs. »